"1951. Naissance à Belgrade, dans l'appartement de mes parents.
1953. Chute dans l'escalier de l'immeuble.
1956. Mon «premier» dessin : recopier un cheval que ma mère a peint. Ce n'est pas facile, surtout les pattes et les sabots. Mon père part pour Paris, où il demande le statut de réfugié politique. Restant à Belgrade, pour ne pas être embêtés, on dit qu'il est parti faire du commerce. En fait, il prépare notre venue, à ma mère, ma soeur et moi. Je prends conscience qu'on vit parfois dans le secret, qu'il ne faut pas tout dire.
1958. On m'arrache les amygdales, sans anesthésie. Avec ma mère, on va souvent au cinéma, voir des films de propagande, des films d'animation, ou des westerns. Richard Widmark est mon héros : mon père, l'absent, le secret, revenait à travers lui.
1959. Je joue dans un film de quinze minutes sur des gamins qui parcourent Belgrade en dessinant à la craie sur les trottoirs. Un recruteur de l'Etoile rouge de Belgrade demande à ma mère de m'inscrire au club, la seule fierté de ma vie.
1960. Départ précipité pour la France, car un appartement s'est libéré à La Garenne-Colombes, en banlieue parisienne. Immersion dans un monde étrange, une autre langue, une nouvelle école. Je découvre que la France aussi a ses problèmes : la guerre d'Algérie, car il y a un foyer pour travailleurs algériens à côté. Un jour, j'ai l'impression de me réveiller avec le français en bo