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Libération
Critique

Mission accomplie

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«Agents secrets», film d'espionnage qui ménage ses effets.
publié le 31 mars 2004 à 0h01

En 1999, avec Scènes de crimes, Frédéric Schoendoerffer revisitait le film policier français ; il donnait à cette histoire de meurtres en série une inclinaison dépressive et rêche où le professionnalisme des inspecteurs était minutieusement décrit en même temps que leurs affres existentielles perso. Le cinéaste prolonge ce travail avec son second long métrage, Agents secrets, projet ambitieux qui entend appliquer la même méthode pointilleuse au genre du film d'espionnage.

L'exigence de réalisme se superpose à la volonté de fabriquer du récit grand public et Agents secrets ne cesse de jouer du rapport tendu, éventuellement déceptif mais toujours surprenant, entre l'horizon d'attente de ce type d'histoire, de James Bond à Mission : impossible ­ héroïsme clandestin, manipulations, haute technologie, sang-froid et séduction... ­, et les correctifs que le cinéaste entend lui infliger. Schoendoerffer, admirateur d'un certain cinéma américain des années 70 (Friedkin, Peckinpah...) et par ailleurs fils de son père (Pierre, réalisateur notamment de la 317e Section et du Crabe Tambour), ne s'encombre d'aucun romantisme. Ses personnages sont des hommes (et femmes) d'action, ils sont aussi des individus égarés dans des combinatoires stratégiques sur lesquels ils croient peser mais qui, de fait, sont en train de les broyer menu. L'ambiguïté morale des espions, leur éventuelle naïveté, le double ou triple fond des opérations menées au nom d'intérêts jamais bien compris, voilà qui fournit à