Au cinéma comme dans la vie, les sentiments s'imposent à nous à notre insu. Ceux que l'on porte aux acteurs et aux actrices également : ils sont souvent le fruit d'une maturation indéchiffrable, qui fait son chemin au fil des films et se sédimente au plus profond de nos rétines. Il y a, dans le regard que l'on porte sans s'en soucier à la carrière d'un acteur ou d'une actrice, une sorte de travail de mise au point optique. Pour se forger un jugement sur eux, nous conjuguons sans le décider l'expérience que nous apportent les films dans lesquels ils jouent et l'image que ces acteurs ou actrices donnent d'eux-mêmes à travers les médias, la promotion de ces films ou, lorsqu'ils sont par exemple sous contrat avec une grande marque de la mode, à travers leurs campagnes de publicité.
Le cas de Monica Bellucci est à cet égard particulièrement intrigant. Elle est cette semaine à l'affiche de deux films fort dissemblables : la Passion du Christ d'une part et de l'autre Agents secrets (lire aussi page suivante). Mais c'est à peu près toute l'année qu'elle fait l'affiche des magazines, qu'ils soient télé, pratiques, people, de cinéma, de mode ou plus généralement féminins ; qu'ils soient les suppléments dominicaux ou les pièges à pub des grands quotidiens.
Certes, la photogénie de Monica Bellucci est d'une éloquence qui suffit à expliquer l'emballement presque unanime des directeurs artistiques de la presse magazine française. Mais il ne peut s'agir uniquement de cela. Une constellation