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Libération

Par passion, courroie de transmission

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Carole Desbarats est directrice des études à la Femis.
publié le 31 mars 2004 à 0h01

Apprendre à voir. «Cela a commencé pour moi en 1962. Avec la fameuse contre-plongée dans Goupi Mains Rouges de Jacques Becker. Ce fut un éblouissement. Encore fallait-il mettre des mots sur cet éblouissement...» Carole Desbarats a 14 ans et suit, au centre culturel français de Casablanca, un «cours de cinéma» avec un prof, ancien élève de l'Idhec, l'Institut des hautes études cinématographiques, ancêtre de l'actuelle Femis. Quarante ans plus tard, c'est elle qui se retrouve le dos à l'écran, face aux étudiants ou spectateurs, et qui dirige les études à la Femis. Elle a fait sa profession de cette situation de «passeuse», entre le film et l'émotion qu'il suscite, entre le cinéma et la jeunesse.

Elle se partage donc entre enseignement et critique. «Quand je suis critique, dit-elle, je pars de mon point de vue. Il s'agit d'établir le lien entre ce que je ressens et comment le film est fait... J'ai découvert que comprendre ne tue pas l'émotion. Au contraire, cela procure aussi des émotions, même un plaisir. Quand je suis enseignante, j'ai un devoir d'ouverture plus grand. Ce qui ne m'empêche pas de parler de moi, bien sûr. Mais il faut laisser les goûts différents s'exprimer. L'enseignement doit permettre aux jeunes de devenir critique ou cinéaste, de s'approprier la critique ou le cinéma.» Cette envie de comprendre a surgi à l'adolescence. Avant, c'était le simple plaisir de voir, contagieux dans une famille baignée de cinéma hollywoodien.

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