On reçoit désormais plus régulièrement des nouvelles du jeune cinéma germanique, en plein renouveau : un succès international (Good Bye Lenin ! de Wolfgang Becker) doublé d'un ours d'or à Berlin (Gegen die Wand de Fatih Akin), mais aussi quelques révélations récentes (Petzold, Winckler, Valeska Griesebach, Köhler). C'est dans ce contexte qu'il faut comprendre et apprécier (même avec modération) la sortie en France du film de Hans-Christian Schmid, Au loin, les lumières : tourné il y a trois ans, succès d'estime en Allemagne, on peut le considérer comme l'un des vecteurs du renouveau. Il y a un autre arrière-plan à cette distribution, plus sociétal, qui ferait croire que le sujet du film (des vies qui s'organisent autour du passage de l'Oder, frontière entre Pologne et Allemagne) pourrait émouvoir des spectateurs français, tremplin qui fait défaut à d'autres films germaniques récents, pourtant bien meilleurs, le Klassenfahre de Winckler ou le Wolfsburg de Petzold.
Trop contrôlé. Au loin, les lumières n'est pas un mauvais film. Schmid fait le boulot, croisant les destins de réfugiés et de passeurs autour de ce portail vers l'Occident, là où des milliers de Polonais, Ukrainiens et Slaves de toute sorte viennent marchander leur ticket pour un prétendu Eldorado. Trafics en tout genre, survie, actes de générosité ou de barbarie, tout s'échange : de la dignité troquée contre des euros. A l'épaule, la caméra suit au plus près ces vies en transit, leur arrachant leur humanité, dissipa