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Libération
Portrait

Biyouna, grande gueule et grande voix

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«Viva Laldjérie» sort de l'oubli l'actrice-chanteuse-danseuse du ventre.
publié le 7 avril 2004 à 0h09

Là-bas, on l'attendait depuis trente ans. Depuis tout ce temps, la rue d'Alger voulait voir à l'écran «sa mégère apprivoisée», la plus célèbre de ses danseuses, l'héroïne du Copacabana des années 70, club mythique de la ville. Comme si elle était une hérésie, le cinéma officiel algérien combattait l'idée même de lui donner un rôle. Il aura donc fallu la complicité entre cette mère de la gouaille algéroise et son fils spirituel, le cinéaste Nadir Moknèche, pour que cela arrive enfin.

En 1998, le jeune homme découvre dans une sitcom de la télé algérienne (les Bons Voisins) Biyouna et son humour «de cheval». Dans le Harem de madame Osmane, son premier film (1999), Nadir Moknèche lui confie le rôle de Meryem, et sa nonchalance tout algéroise donne vie au décor informel du film. Dans la foulée, la chanteuse enregistre à Paris un album très baroque (Radi Zone). Aujourd'hui, dans Viva Laldjérie, elle est sublime en Papicha, ex-gloire de la danse du ventre et mère de la sensuelle Goucem.

Gloire des cabarets. Actrice, danseuse, chanteuse, Biyouna, 52 ans, a tout appris à bonne école, celle des mariages et des cabarets. Quand on cite devant elle le défunt auteur-compositeur Mahboub Bati, elle lâche une larme tout en pestant contre le milieu artistique algérien : «C'était mon maître, c'est à lui que je rends hommage en interprétant dans Viva Laldjérie la chanson Mouaoud Lik. Il est mort oublié, dans le silence. Même un chat, ils l'enterrent avec plus de dignité.»

Biyouna est la demi-soeur