Cinq ans après Ghost Dog, Jim Jarmusch revient avec Coffee and Cigarettes, un film à sketches, techniquement décliné sur un mode mineur. C'est peu... Et en même temps pas si mal, pourvu qu'on prenne la peine de détailler le contenu d'un projet dont l'échafaudement a couru sur une quinzaine d'années.
Du clown Roberto Benigni (pas terrible) au duo rock White Stripes (réellement curieux), voici donc une dizaine de courtes séquences qui, sises autour d'une table de café (ou de bar d'hôtel), servent de prétexte un peu lâche à discuter de tout et de rien : un prétendu complot contre Elvis, Paris au début du XXe siècle, un juke-box dans lequel ne figurerait aucune chanson d'Iggy Pop ou de Tom Waits, «la terre comme conducteur de résonance acoustique», les grands avantages et menus inconvénients de la condition de star... De ce bavardage digressif, à la fois loufoque et vachard, badin et nostalgique, jaillit une galerie de portraits en noir et blanc moins souvent anodins que savoureux, qui, une nouvelle fois, enluminent la fascination exercée par l'univers musical sur Jim Jarmusch.
Où l'on tient là une occasion supplémentaire de vérifier, au cours d'un entretien parisien, le bagage de l'archétypal cinéaste new-yorkais indépendant, ravi de rappeler que le son importera toujours autant que l'image. Voire plus.
Avez-vous une façon distincte de diriger de «vrais» acteurs, style Bill Murray ou Cate Blanchett, et des musiciens comme les rappeurs GZA ou RZA ?
Federico Fellini m'a dit un jour q