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Libération
Critique

Stewart en Coe production

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Sortie d'une passionnante bio de la star par le romancier anglais, fidèle des salles obscures.
publié le 7 avril 2004 à 0h09

«Les grandes carrières se font par hasard.» Quand Jonathan Coe ose cet axiome, il est déjà à mi-parcours de sa biographie de James Stewart. Pour le lecteur, c'est depuis longtemps une évidence. Le héros de Fenêtre sur cour, Vertigo, Autopsie d'un meurtre, l'Homme de la plaine, The Shop Around the Corner ou Monsieur Smith au Sénat, parmi 82 films et 35 apparitions télé, celui qui, à partir de 1935, a accompagné de son allure dégingandée l'âge d'or de Hollywood, lui fournissant autant de films édifiants que d'oeuvres malades (et passionnantes), a toujours joué avec ce point d'indolence. Aurait-il pu faire autre chose ?

De l'architecture par exemple (il en rêvait). Ou de l'aviation (il fut commandant de la 2e brigade aérienne, servant en Europe de 1941 à 1945). Mais voilà, un jour des Années folles, ce jeune mec de Pennsylvanie, timide, vertueux, long comme une asperge, a commencé à faire du théâtre à Princeton, y a rencontré Henry Fonda, avec qui il prend une chambre à New York dans l'immeuble mitoyen du gangster Legs Diamond. C'est Fonda qui mettra le pied à l'étrier à celui qui manquait de volonté. Quand il meurt, en 1993, Stewart est une légende vivante.

En 1994, Jonathan Coe n'est pas encore l'écrivain que l'on sait. Il a signé des critiques dans un hebdo de gauche et répondu à une commande d'un livre sur Bogart, assez vendu pour que l'éditeur en accepte un autre sur Stewart. Biographiquement, c'est une idée incongrue. Stewart est un type à qui il n'est rien arrivé de racont