Menu
Libération

Trois minutes et demie de sexe qu'Alger a du mal à avaler

Article réservé aux abonnés
Echos de trois projections, où la gêne le dispute à la colère.
publié le 7 avril 2004 à 0h09

Alger, envoyée spéciale.

A petits pas, dans le noir de la salle, Sahli Farouk longe l'écran allumé. Inspection de la séance : coup d'oeil à gauche, coup d'oeil à droite. L'Algéria, cinéma public qu'il dirige, est «un établissement respectable». Interdit de chiquer. Interdit de cracher. «Des filles seules doivent pouvoir entrer ici parce que c'est bon pour l'Algérie.» Au balcon, il faut bien regarder. «C'est plus couplé. Un petit flirt, ça va. Pas le reste. Ici, on n'est pas une écurie, où les gens ne viennent que pour ça, comme certaines salles privées.»

Ça râle. A l'écran, Goucem, l'héroïne du film de Nadir Moknèche, est nue. On entend des halètements. Une spectatrice se retourne. «Chut». Les râles continuent sur l'écran. La fille se met à pouffer. Sa copine aussi. Puis, toutes les deux, plus fort, amusées. «Chuuuuut.» Comme un jeu, à nouveau : «Chuuuuuuut.» Le type derrière : «Ne vous énervez pas. C'est dans le film, pas dans la salle.» Gros silence, le temps de réaliser. Les deux filles ensemble : «Dans le film !» On les entend râler à voix basse : «Alors là, ça va trop loin.»

La ronde de Sahli Farouk se termine par les toilettes. Un garçon fume une cigarette côté homme. Une fille s'apprête à pousser la porte. «Mademoiselle, c'est de l'autre côté pour les femmes.» Clin d'oeil. Dimanche, à la sortie de la première séance publique algéroise de Viva Laldjérie, le couple des toilettes prend l'air consterné : «Tout ce sexe, c'est choquant...»

N'était-ce pas possible de commencer p