Comme le Tiresia de Bertrand Bonello, comme la Mauvaise Education de Pedro Almodovar, qui ouvrira le festival de Cannes dans un mois, le cinquième film de Sébastien Lifshitz a pour principale héroïne une transsexuelle. On voudrait souffler à l'oreille de ceux qui feront la traversée direction Wild Side d'oublier la parenté sexuelle qui rassemble ces trois films qui ne se ressemblent pas. En une poignée de films, le cinéma a réussi à rendre compte d'une identité sexuelle, sans jamais en faire un genre cinématographique en soi, évitant ces jardins de clichés où les transsexuels seraient exposés comme des bêtes curieuses, leurs vies ne communiquant en rien avec celle des straight. Dans ces films qui sont comme des héritiers du Droit du plus fort de Fassbinder, la différence sexuelle existe dans la mesure où c'est à nous de nous redéfinir en fonction d'elle, de sa naturelle présence. C'est une vie, avant tout une vie, et comme toute vie, on ne demande qu'à en partager l'aventure.
Marge de la marge. S'il y a bien une nature propre à Wild Side, ce serait justement d'être un film frontière, où il s'agira toujours de faire l'aller-retour entre l'endroit où, socialement, la transsexuelle est mise en marge (la prostitution) et celui d'où elle vient (le nord de la France), qu'elle a un jour décidé de quitter. Le prétexte, la mort de la mère et le retour aux origines qui n'en sont plus, est peut-être un truc de scénario, il n'en est pas moins l'occasion d'une question parmi les plus bell