Il y a bien longtemps, dans une Chine légendaire où régnaient les dieux dragons, régentée par des bonzes bonimenteurs, accueillante aux jongleurs, cracheurs de feu, funambules et autres bateleurs, un jeunot nommé Siu Syen s'entiche d'un reptile pas ordinaire qu'il devra bientôt relâcher, ses parents répugnant à héberger un tel hôte dans leurs pénates.
Bonze. Cheminant par un beau matin de printemps avec le corpulent Panda et Mimi, son fluet compère, Siu Syen, devenu grand, s'amourache de l'avenante Pay Nyan, mi-princesse, mi-serpent. Un gros balourd de bonze bien intentionné à l'égard du jeune homme, autant qu'expert en démonologie, le condamne à l'exil pour le soustraire à l'emprise des esprits prétendument maléfiques qu'il scrute dans sa boule de cristal.
Combinant avec bonheur les volutes vaporeuses inspirées de la peinture extrême-orientale au kitsch cartoonesque, le Serpent blanc de Taiji Yabushita, pionnier de la fresque animée au Japon, se distingue par la pugnacité de ses héroïnes. On appréciera particulièrement la prestation de la sémillante soubrette de la princesse-serpent, une mignonne mousmée prête à tout pour conforter la passion partagée de Pay Nyan et de Siu Syen. Au point d'affronter la faune marine en se muant elle-même en frétillant poisson pilote... carené Nemo !
Des moments d'une étonnante modernité pour cette féerie intemporelle qui décrocha le grand prix du film pour enfants à Venise en 1959. La Légende de madame Pai Nyan, ainsi intitulée lors de sa sorti