Depuis les Corps ouverts (1998), Sébastien Lifshitz (réalisateur) et Stéphane Bouquet (scénariste, écrivain), tous deux trentenaires, ont réalisé cinq films. L'un est plutôt brun, petit et mignon ; l'autre plutôt châtain, grand et beau. L'un touche beaucoup, la main tendue vers le bras ou l'épaule de son interlocuteur, un geste de conviction. L'autre, pas. Leur fidélité, de nouveau à l'oeuvre et à l'épreuve pour Wild Side, nécessite de poser la question de leur union.
Un duo ? Une fratrie ?
Sébastien Lifshitz. Je chante beaucoup, notre modèle serait donc les Demoiselles de Rochefort, les soeurs Garnier. Le problème, c'est de savoir qui fait Delphine et qui fait Solange ?
Stéphane Bouquet. J'ai travaillé avec d'autres cinéastes mais jamais sur une durée aussi longue. Je ne suis pas un scénariste professionnel : un scénario est une étape, un outil, mais pas un objet suffisamment travaillé pour devenir autonome et, partant, littéraire. Cela dit, un certain nombre de cinéastes ont pu travailler leur scénario comme des objets littéraires. C'est le cas pour Marguerite Duras : elle avait pris la forme scénario pour poursuivre la littérature ailleurs, différemment, un peu plus loin. Je n'ai jamais pensé pousser un scénario, ce qu'on appelle la continuité dialoguée, pour qu'il devienne un livre. Mais dans mon travail littéraire, il y a des choses que je rapatrie du cinéma, comme la notion de séquence.
S. L. Pour la Traversée (film précédent de Lifshitz où Bouquet était une personne-perso