La nuit, le printemps et la lune pour ouvrir et fermer le film. Et, dans l'espace de la parenthèse, sept jours de dérèglements. A Tesanj, petite ville de Bosnie-Herzégovine à la frontière entre les deux entités du pays (la Fédération croato-musulmane et la République autoproclamée des Serbes de Bosnie), la venue de Bill Clinton, deux ans après la paix en partie imposée par les Etats-Unis en 1995, est une aubaine et un cauchemar. Le parachutage imminent du «messie américain» sort le village de la torpeur de l'après-guerre. Mais il annonce aussi une pause dans les compromissions et les trafics locaux : cigarettes, prostitution, alcool, intolérance et crimes.
On pressentait le pire. Clinton bombardé citoyen d'honneur d'un village, mélange de grande et de petite histoires, un défi insensé érigé en farce grotesque, fol espoir et cruelle déveine mêlés. Les chausse-trapes ne manquaient pas au projet de Zalica, réalisateur bosniaque, documentariste et coscénariste du Cercle parfait d'Ademir Kenovic, qui s'en sort bien. Ce film, l'un des trop rares sur l'après-guerre en ex-Yougoslavie, se joue habilement des frontières de l'amitié, de l'ethnie et du clan. Sans s'épargner l'autodérision à propos d'un réel sentiment d'infériorité vécu par les Bosniens.
A mi-chemin entre la comédie aigre-douce et la chronique amère, Au feu ! raille, sans trop les souligner, les faiblesses de chacun des camps (les Serbes, les Bosniaques et les étrangers), traque les travers de la paix froide en Bosnie et c