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Libération
Critique

La Chine, chant de ruines

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Sur fond de Joy Division, une science-fiction aux allures de documentaire.
publié le 28 avril 2004 à 0h23

Il paraîtrait qu'All Tomorrow's Parties, l'opus 3 de Yu Lik Wai serait un film de science-fiction réglant les horloges à l'heure d'un XXIe siècle déjà bien entamé, avec en ligne de mire un monde ravagé, saisi en plein décalage post-totalitaire. C'est drôle, parce que, à quelques détails près, il est difficile de s'en apercevoir vraiment : le film, sous ses tonalités verdâtres, ses nuits désaffectées, a la couleur sauvage des documentaires. Il charrie des images qui ressemblent comme deux gouttes d'eau au fantasme de survie qu'on peut nourrir autour de terra incognita de la Chine ou de l'ex-bloc de l'Est : zones industrielles tombant en ruine, centrales atomiques fissurées, lumière de néons, tribus composées de post-humains, etc.

Alibi. Inutile de prendre des mines surprises, ce n'est ni la première ni la dernière fois qu'un scénario d'anticipation nous fera le coup de l'actualité déguisée ­ c'est le fondement même du genre. Juste l'impression que Yu Lik Wai a tapé juste, en avançant son portrait de la Chine de quelques années. L'alibi futuriste lui permet d'aller à l'essentiel de ce qu'il sait faire, c'est-à-dire des images et encore des images (rappelons qu'il est aussi le chef opérateur attitré de Jia Zhang-Ke), sans trop avoir besoin d'explorer plus avant les tenants et aboutissants du récit, qui reste une fois encore le parent pauvre de son cinéma.

Résumons néanmoins : dans une région de la Chine continentale, quelque part entre la «zone ex-Chine» et la «zone ex-Corée», un