La nouvelle comédie de Jean Marboeuf assume ses partis pris. Elle est désuète et ironique, populaire et érudite, macabre et provinciale. Entre Pascal Thomas et Jean-Pierre Mocky, le réalisateur de Vaudeville, Grand Guignol et Pétain reprend sa route, plutôt sinueuse, celle qui serpente au milieu d'un cinéma «fait main», plein de seconds rôles et d'images feuilletonesques, qui visite une France dont François Truffaut serait toujours le héros alors qu'il est mort il y a tout juste vingt ans.
Dans ce Blow Up à la mode de chez nous, un garçonnet de 9 ans fait le curieux et s'en va photographier en numérique sa vie à tout bout de champ. Sur son site au chat botté, il consigne ses photos sur ordinateur et recompose l'univers, assez vite terrifiant, de ses voisins : le couple de bouchers tueurs de pintade, le vieux pédé parfumé qui tient la maison de la presse, la concierge d'une esthéticienne prostituée, une petite fille délurée, ses parents en pleine séparation. Tout cela survit dans une petite ville de province épouvantable, et fait malheur sur malheur : toutes les femmes, sauf une, sont trucidées, mutilées. L'inspecteur Bashung débarque, manteau crade et cheveux itou, s'intéressant bientôt aux photos du p'tit curieux.
On aime chez Marboeuf cet entêtement à croire au cinéma et à mêler les genres, le film d'enfant et la farce morbide, le polar et la chronique de voisinage, cette volonté de garder ses comédiens (Dreyfus, Bashung, Ferreol, Morin, qui ose encore cette macédoine de sec