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Libération
Critique

Phil Mulloy, dessins épicés

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publié le 28 avril 2004 à 0h23

Qu'il s'agisse de s'opposer si faire se peut à la scélératesse de nos semblables («Tu ne voleras point ton prochain»), de tempérer la libido du bipède («Tu ne commettras pas l'adultère»), voire de sermonner une communauté d'extraterrestres pour différer une fatale invasion de notre globe («Souviens-toi de sanctifier le jour du sabbat»), l'évangile selon Mulloy, émaillé de moult facéties sulfureuses (viol, étripage, pendaison ou fornication), ne s'adresse ni aux enfants de Marie ni aux mômes des maternelles. Le catalogue éclectique de Phil Mulloy, cinéaste d'animation minimaliste mais allumé, va de la science-fiction salace aux épopées épicées intergalactiques, jusqu'au casse-pipe contemporain.

Ancien élève du Royal College of Art de Londres, ce rejeton catho de Sa Très Gracieuse Majesté, grandi dans une banlieue industrielle, a troqué durant près de vingt ans son chevalet pour s'adonner à la fiction en vues réelles. Las de galérer dans les aléas de la production et des budgets en baisse, Phil Mulloy a retrouvé sa palette et ses pinceaux la quarantaine venue, mais conservé son humour (noir) en transportant ses pénates au pays de Galles, en pleine cambrousse, pour s'adonner au court métrage dessiné. Crayonnant à tout vent, assumant toutes les tâches : de la conception à la mise en scène, ce cinégraphiste atypique (à l'instar de l'Américain Bill Plympton) a réduit ses coûts de production à presque rien. Un quasi-autofinancement qui lui procure l'extrême satisfaction d'agir en to