Dans le jeu de mistigri que pratique actuellement un cinéma français en plein doute, les distributeurs semblent avoir hérité de la mauvaise carte. Celle qui les désigne à la vindicte, celle du bouc émissaire favori d'une profession qui cherche des causes aux échecs publics répétés de nombre de films d'auteur.
En tenaille
Disons tout de suite, sans excuser personne, que les distributeurs font un métier passionnant mais difficile. Répartis en France en une cinquantaine de petites sociétés, ce sont les «passeurs» du cinéma, construisant le pont entre la production et les salles des exploitants. Mais la plupart de ces petites sociétés de distribution indépendantes sont prises dans les contradictions du système : en tenaille entre les films que les producteurs leur imposent et les demandes des exploitants.
Les distributeurs, la plupart du temps pas producteurs de films, n'ont que peu d'influence sur ce qu'on leur propose. Et les négociations avec les exploitants s'exercent sous forte pression, celle qui exige la rentabilité de salles où les investissements ont été lourds ces dernières années, tant du côté des grands circuits (UGC, Gaumont-Pathé) qui ont couvert la France de multiplexes, que du côté de l'art et essai (Association française des cinémas d'art et essai, Groupement national des cinémas de recherche, ou MK2 à Paris), qui lutte pied à pied contre les multiplexes en proposant, autour des films d'auteur, animations, programmations, débats et des conditions de plus en plus co