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Interview

«Il reste toujours une part d'enfance irréductible»

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Le Japonais Hirozaku Kore-eda détaille la genèse et le tournage de «Nobody Knows», qui ouvre la compétition.
publié le 13 mai 2004 à 0h35

Après une longue expérience dans le documentaire, Hirozaku Kore-eda, 42 ans, est passé à la fiction en 1995. Trois ans après Distance, il revient en compétition à Cannes avec son quatrième long métrage, l'émouvant Nobody Knows.

Le film est inspiré de l'affaire des quatre enfants abandonnés de Nishi-Sugamo. Qu'est-ce qui vous a attiré dans ce fait divers ?

Dans cette histoire, un garçon de douze ans a enterré en cachette sa petite soeur, morte accidentellement. J'ai lu un article où son autre soeur affirmait que son frère n'était «pas méchant», que ce n'était «pas de sa faute». A partir de là, je me suis interrogé : pourquoi ce garçon, alors qu'il avait été abandonné par son père et sa mère, avait, lui seul, pris ses responsabilités en s'occupant de ses frères et soeurs ? Je voulais montrer un personnage au seuil de l'adolescence qui hésite entre rester enfant et devenir adulte. Quand il joue au base-ball, c'est la dernière fois qu'il est enfant. Et parce qu'il s'est permis de jouer au base-ball, il ne peut pas protéger sa petite soeur. Ce drame le fait devenir adulte. En perdant à ce moment sa petite soeur, il perd son innocence. La maturité c'est un peu ça : pour devenir adulte, il faut perdre quelque chose.

Dans la réalité, les enfants ont été pris en charge par les organismes sociaux. Dans le film, leur secret n'est pas découvert...

Je n'ai pas voulu finir en montrant les services sociaux qui récupéreraient les enfants pour mieux sensibiliser les spectateurs. C'est un problèm