A 18 h 40, c'est le hic : à l'angle de la Croisette, de gentils CRS bloquent les intermittents déguisés en pingouins, smokings et robes du soir. Ils ont croisé Tarantino, Béart, qui passaient sans problème. Eux restent coincés. Un intermittent prend son téléphone : «On est bloqués à l'intersection de la rue des Serbes. Comment, vous ne pouvez pas nous aider ?» Ce qu'ils ne savent pas, c'est que onze de leurs collègues sont en train de gravir les marches sans problème, avec chacun une lettre du mot «N-E-G-O-C-I-A-T-I-O-N» dans le dos. Mais eux, qui se sont mis spécialement en pingouins, sont marrons. L'un d'eux, qui porte un autocollant «Utopiste debout. Tout de même», philosophe : «Je ne me suis jamais retrouvé aussi près d'un CRS. En fait, on a le même genre de costume.» Un intermittent s'énerve : «C'est un traquenard.» Un CRS : «Vous êtes pas prévus.» C'est bête. Si près du but.
«C'est pas les bons.» Un intermittent : «Ceux de la CGT, eux, sont passés. Ils sont mieux introduits que nous.» Le CRS : «C'est pas les bons, on ne les laisse pas passer.» Un journaliste : «Mais si, c'est les bons.» Le CRS : «Comment, les bons ?» Un flic en civil : «C'est le bordel. Mais ils n'ont qu'à régler le problème, aussi !» Les intermittents, déçus mais pas abattus, finissent par poser sous une pancarte «Unedic ta mère», devant les flics : «On fait une photo avec nos amis les CRS, qui ont aussi des problèmes de salaire, mais qui ne le disent pas.»
Puis ils attendent d'autres intermittents, «qu