Puisque c'est le sujet du jour (lire aussi page 22), arrêtons-nous une seconde sur ce beau mot de «pirate». Dans la bouche des industriels du cinéma ou de la musique qui s'en plaignent aujourd'hui, il est investi d'une charge infiniment négative, mais pas sûr que l'oreille du public l'entende de la même façon. Si nous sommes tous aussi durs de la feuille (au point de nous la faire souvent tirer !) à propos des moeurs modernes du télécopiage, c'est aussi parce que nous avons beaucoup de mal à culpabiliser devant l'accusation de «piratage».
Dans ce qu'il nous reste de conscience collective, historique, cinéphile ou littéraire, le pirate, sa tête de mort, sa bouteille de rhum et son île au trésor, hantent une nébuleuse confuse. Certes, le pirate est hors la loi. Il a rompu avec le côté du Bien pour prospérer sur les mers du Mal. Mais il n'est pas nécessairement un méchant : dans les histoires que l'on raconte aux enfants comme dans les attractions Disney ou dans le film Pirates des Caraïbes qui fit un triomphe mondial l'été dernier, le pirate est souvent du bon côté. Ce n'est pas Mandrin ni Robin des bois (il est beaucoup moins altruiste que ça) mais il est souvent sympathique.
Historiquement, les premiers forbans d'Hollywood ne sont-ils pas ceux qui ont fondé les grands studios, ces majors qui ont dessiné un modèle économique mondial à leur convenance avec la violence parfois immorale des moeurs pirates et voudraient maintenant en grillager toutes les issues ? Il ne s'agit p