Son titre nous prévient : A tout de suite, de Benoît Jacquot, est un film qui fonce. A tout de suite qui, à tout de suite quoi ? A tout de suite elle : une jeune et splendide lycéenne parisienne des années 70 qui tombe amoureuse en une demi-seconde d’un voyou mutique, diaboliquement tendre et séduisant. Ils n’ont pas de noms mais les acteurs s’appellent Isild Le Besco et Ouassini Embarek et on s’en contentera.
Envoûtement. La blonde et le brun, la jeune fille des beaux quartiers et le jeune homme de banlieue, l’instruite et le frustre ? Pas vraiment. Mais une liaison tout de même dangereuse, qui ouvre sa trappe dès le décor posé : un braquage qui tourne mal et voilà les amants propulsés dans une aventure où la géographie concerne autant les paysages que les sentiments. Il leur faut fuir Paris, quitter la France. Défilent Madrid, le Maroc, la Sicile, Athènes... «A tout de suite», avait-elle dit.
Au terme de l'épopée, la femme amoureuse est devenue livide et dévitalisée. Elle sera passée de la foudre à la jouissance, de la grâce à la passion, puis de la plénitude au décharnement. Pour ainsi dire, elle ne vit plus tout à fait ici-bas, ou alors elle y vit plus sûrement que nous tous. Mais elle est dans tous les cas inaccessible : elle a passé tout le film dans son île, son paradis trouvé et puis perdu. Ces îles qu'elle dessine comme la cristallisation d'une image mentale : son état. L'île est désormais déserte, le grand amour est passé. Mais elle est si jeune et, de toute f