A 11 heures, l'insomniaque Emir Kusturica n'est pas forcément debout. C'est donc au saut du lit qu'on a cueilli le réalisateur d'origine bosniaque en ce matin ensoleillé de la fin avril, dans l'hôtel parisien où il séjournait... En fait vite d'aplomb pour défendre son huitième long métrage, La vie est un miracle, présenté ce soir en compétition officielle, neuf ans après la palme d'or polémique d'Underground.
Pourquoi refaire un film autour de la guerre en Yougoslavie, neuf ans après Underground ?
Pour réagir à ma manière au conflit dans les Balkans et montrer ce qu'il y avait derrière le décor télévisé de la guerre. Mais, surtout pour faire un beau film d'amour, une chose dont je ne me croyais plus capable. La vie est un miracle parle des éléments majeurs de l'existence humaine : l'amour et la famille. Et comment, en temps de guerre, tout est remis en question, tout devient plus intense. Je ne voulais pas décrire la guerre comme un événement à décrypter, parce qu'il n'y a rien à expliquer. J'ai voulu éviter à tout prix l'angle idéologique, ce que j'appelle «l'engagement croisé-humaniste».
Vous êtes devenu politiquement correct ?
Certainement pas. Etre politiquement correct, c'est faire des films pour Disney, ou du Disney européen. Cela n'aide pas le cinéma. Je reste incorrect, parce que je suis obstinément les mêmes idéaux que j'avais à mes débuts, quand nous subissions le monarcho-bolchevisme de Tito en Yougoslavie. Il y a toujours matière à se rebeller.
Redoutez-vous des polém