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Libération
Critique

Mafiaet artifices

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Sur un arnaqueur confiné dans un hôtel, Sorrentino en fait des tonnes.
publié le 14 mai 2004 à 0h36

Seul film italien en compétition officielle, Le conseguenze dell'amore est le deuxième long métrage du Napolitain Paolo Sorrentino, remarqué à Venise en 2001 avec son coup d'essai, L'uomo in piu, affrontement entre deux frères, l'un chanteur de variétés, l'autre joueur de foot. C'était pas génial, mais on sentait que le cinéaste, par ses origines, avait dû biberonner aux mamelles de la culture prolo et en avait sécrété un récit à la fois pathétique et affectueux. Avec ce film, il a eu des prix, a voyagé, et là, a commencé à fréquenter les grands hôtels. Dans le bar d'un cinq étoiles brésilien, il a vu un homme d'affaires siroter tous les jours la même bière. Parallèlement, il potassait de nombreux essais sur la mafia. Soudain, tilt ! le type au bar + Cosa Nostra, ça lui a donné l'idée d'un script.

Le deuxième film de Sorrentino aura du mal à se remettre de ce goupillage artificiel. L'histoire de Titta Di Girolamo, client oisif qui s'emmerde depuis vingt-quatre ans dans un hôtel du Tessin, entre sa chambre et le bar, dont on découvre qu'il est en résidence surveillée, puni par un mafieux à qui il a fait perdre une énorme somme d'argent, tient difficilement sur ses maigres jambes. Au début, la fatigue goguenarde de Di Girolamo (la star Toni Servillo) nous accroche à une succession de scènes prises dans la colle dépressive et la torpeur gravitationnelle de la Suisse. Sorrentino emballe tout ça d'une mise en scène maniérée où la caméra n'arrête pas de glisser et de faire des arcs