Cinq cents ouvriers maltais, 200 artisans britanniques, 1 200 figurants, 5 000 litres de gaz, 4 000 cactus déterrés à la main sous l'oeil de botanistes, 200 tonnes de plâtre et la protection d'une réserve de tortues mexicaines en voie d'extinction... La liste pourrait continuer sur plusieurs pages, tant la production et le tournage de Troie ressemblent à une Iliade version mégaprojet ruineux estampillé commerce équitable et bio. On se pince à plusieurs doigts, y compris ceux des pieds, de devoir assister à une avant-première mondiale de ce péplum kitsch de deux heures trente à Cannes. Sauf une montée des marches un peu sexy et une fête costumée avec sandwichs grecs et pita à volonté, non vraiment, on ne voit pas. Le film, lui, essaie de voir large sur la sociologie de son public : du prof de latin-grec déprimé à l'helléniste furieux d'avance, du fan de Brad Pitt qui a raté l'agreg à la folle en paréo préparant son séjour à Mykonos, du Celte à cheveux longs (les Grecs parlent ici avec un épais accent écossais, comprenne qui pourra) au joueur de Gameboy lassé des Japonais, du sportif épilé chargé de stéroïdes à la bimbo en total look Miami, tous devraient s'y reconnaître.
Amérique/axe du Mal. Rien n'a changé depuis Cecil B. DeMille, à la différence près que désormais les batailles sont filmées du point de vue d'un bombardier B52 et que la figuration est multipliée par trois milliards à la palette numérique. Dans la première demi-heure, on se mord les joues devant un tel déploim