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Libération
Critique

«Mondovino», champagne!

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publié le 15 mai 2004 à 0h38

Au sortir de Mondovino, sensationnelle enquête-reportage sur la mondialisation de la culture du vin, on n'a pas tellement envie d'aller boire un coup au bistro du coin mais plutôt de se mettre à l'eau plate pour les cent prochaines années. Entre autres horreurs tranquilles, Nossiter, aussi bon sommelier que cinéaste, révèle en effet qu'en gros toute la production mondiale a basculé du côté des vignerons californiens de la Napa Valley qui, avec force collaboration d'oenologues-vedettes et de critiques «objectifs», ont réussi à imposer le goût unique du pomerol bordelais.

Trust. Nossiter a filmé ces milliardaires, et notamment les membres de la toute-puissante famille Mondavi, dans leurs haciendas de carton-pâte et leurs chais «ancestraux» sortis des limbes il y a quelques années. Ce qui frappe, ce n'est pas l'arrogance de ces maîtres du vin mais leur absolue conviction d'avoir raison, alors que, sur le terrain, le trust Mondavi non seulement grève la diversité des terroirs mais ne prend pas non plus de gants pour ruiner ou absorber moult petits exploitants. Dans cette sombre affaire impliquant des milliards d'euros, les acteurs principaux jouent parfois les agents troubles : notamment le célébrissime Américain Robert Parker, diva de la critique oenologique dont on dit qu'il peut faire ou défaire la réputation d'un vin. Voilà un type issu du gauchisme des années 70, qui déclare qu'il est fier d'être américain (la routine) mais en plus qu'il est l'ambassadeur de la démocratie da