A 74 ans, Jean-Luc Godard reste l’un des cinéastes les plus productifs et stimulants de la planète. Son œuvre, une cinquantaine de longs métrages, court sur quarante-cinq ans, qu’il a marqués de son empreinte et de ses «périodes» (comme l’on disait autrefois de Picasso): les «années Karina» (Le Petit Soldat, Pierrot le Fou, Bande à part…), les «années Mao» (One+One, Tout va bien…), les «années vidéo» (Numéro deux, Ici et ailleurs…), le retour au cinéma (Sauve qui peut [la vie], Prénom Carmen, Nouvelle Vague…) et récemment ses Histoire(s) du cinéma, en huit films, dont on va débattre quelques décennies encore dans les universités du monde entier. Jean-Luc Godard présente mardi au Festival de Cannes son nouveau film, Notre musique, une variation sur la guerre, la mélancolie, le paradis, la Palestine et Sarajevo.
Quelle a été votre formation ?
J’ai toujours été entre la France et la Suisse. J’ai un passeport suisse mais je paie en Suisse une taxe de séjour parce que je suis domicilié en France. Au début de la guerre, j’ai passé un an et demi en Bretagne, puis je suis retourné en Suisse, et j’ai terminé mes études secondaires au lycée Buffon à Paris. Je pensais que j’étais fort en mathématiques et j’aimais la philosophie des mathématiques. Je me souviens avoir lu, dans la collection de l’