Bien que tourné (de mai à juillet 2003) dans la salle d'audience de la 10e chambre du tribunal correctionnel de Paris, pas exactement l'endroit le plus drôle sur la planète, le nouveau documentaire de Raymond Depardon a quelque chose d'une comédie. A tous les sens du terme, y compris et surtout celui que lui prêta Honoré de Balzac : c'est la comédie humaine et son petit théâtre judiciaire qui déborde du film, allant jusqu'à court-circuiter l'horizon citoyen que le cinéaste visait en présentant ce film comme une suite donnée, dix ans après, à son Flagrants délits, qui fit alors un certain bruit dans le milieu juridique.
Du chauffard qui s'ignorait (pour avoir sucé autre chose que des glaçons), au pickpocket multirécidiviste en passant par le chaland soudainement pris d'un accès de folie ou de rage, le film déplie, tout en ne filmant qu'une parole continue, des fictions infinies empêtrées dans des explications folles. C'est, selon un comique désespéré, tous les jeux de masque du social qui se réorganisent dans l'espace réduit de la salle d'audience. Un jeu où les plus théâtraux sont souvent moins les accusés que les avocats, généralement jeunes et encore hésitants, lancés dans un concours d'éloquence qui frise parfois le délire et flirte quasi systématiquement avec l'humour involontaire.
Le film suit, dans sa scénographie, Michèle Bernard-Requin, présidente de la 10e chambre, juge unique et chef d'orchestre (ou metteur en scène) de cette galerie de portraits, dirigeant les entré