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Libération
Critique

De l'amen à l'hymen

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publié le 17 mai 2004 à 0h39

C'est vraiment un drôle de film. Un conte en tout cas, où les fées seraient des adolescentes dingues de Jésus dans leurs âmes et de sexe dans leurs culottes. C'est le côté sainte Thérèse d'Avila de ce deuxième film de Lucrecia Martel (après la Ciénaga, 2001), qui met en coïncidence coup de chaud mystique et crise de nerfs sexuelle. Autant dire une parfaite synthèse de ce qu'on appelle si adéquatement en français des saintes-nitouches. En l'occurrence, Josefina et Amalia, bonnes copines qui, entre deux séminaires sur la vocation religieuse, matent en pouffant tout ce qui ressemble à un homme. Et surtout le docteur Jano, qui, il est vrai, a un peu trop tendance à frotter sa lourde braguette sur la jupette des jeunes filles.

Tragi-comique. Comme dans un manga argentin, Lucrecia Martel s'attendrit sur ses adolescentes humides, tout en chuchotements à l'oreille, coups d'oeil à la dérobée, rires étouffés et innocence qui ne demande qu'à être bafouée. Pour preuve cette charmante scène sous les couvertures et pratiquement tout habillée, où Josefina réinvente avec son jeune cousin le rapport sexuel qui préserve sa virginité. «Ne me parle pas», dit Josefina à son amant impatient qui la sodomise. Tout le film est à l'unisson de ce style tragi-comique qui induit une belle incertitude : est-on sûr d'avoir bien compris ce qui se dit, d'avoir vu ce qu'on a regardé ?

De fait, géographiquement, on se demande où peuvent bien se situer cette station thermale décatie et cet hôtel des bains transp