C'est le portrait d'une jeune femme en colère. Nelly, une infirmière de campagne, qui ne supporte pas que son mari médecin non seulement la néglige mais en plus la laisse radicalement tomber. Un «beau matin», au lieu de se réveiller, il est mort. De qui-de quoi ? On ne saura pas et c'est la première bonne idée de ce film que de nous laisser seul à seul avec notre étrange volonté de savoir, comme si ça ne suffisait pas d'être mort. La seconde bonne idée est d'avoir confié le rôle de Nelly la rogne à Sophie Marceau. Par-delà sa sidérante beauté, son talent est là, quand elle peut d'un plan à l'autre faire passer une intense présence physique (on n'aimerait pas qu'elle nous en retourne une) et une impressionnante fragilité. Plausible quand elle se démène et renâcle à toutes les conventions du deuil (belle scène de fou rire plus que nerveux avec une représentante des pompes funèbres), crédible lorsqu'elle s'effondre sous le poids de son existence bouleversée (tentative de suicide dans un étang à la Virginia Woolf).
A ce soir est un duo de deux actrices passées à la réalisation. Laure Duthilleul, qui fut si magnifique dans le Destin de Juliette d'Aline Isserman ou dans Peaux de vache de Patricia Mazuy, et qui signe ici son premier film. Et Sophie Marceau, qui, outre sa carrière, réalisa son premier film en 2001, Parlez-moi d'amour. Mais si A ce soir se ressent de cette communauté (elles y vont à fond, toutes les deux, la main dans la main), le film n'est pas pour autant un film di