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Libération
Critique

Il était une fois la Palestine.

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publié le 18 mai 2004 à 0h40

A la sortie de la Porte du soleil, il se murmurait que le cinéaste égyptien Yousry Nasrallah venait de donner au peuple palestinien le grand film historique et identitaire qui lui manquait. Il faudrait sans doute être soi-même palestinien pour se prononcer définitivement sur ce point. Ce qu'on peut affirmer, c'est que Nasrallah a livré un grand film, qu'il n'a pas cabré devant la démesure de l'obstacle, qu'il a embrassé cinquante ans d'histoire contemporaine avec un entêtement magnifique et que, malgré ses 4 h 48, l'épopée ne laisse jamais faiblir sa brûlure aiguë.

Une terre, un couple. Guerre ! Guerre ! Guerre ! Malgré son titre édénique, la Porte du soleil est un furieux enfer de destruction, de sang, de fureur et d'amour. Etendu de 1943 à nos jours, le récit conjugue l'histoire d'une terre, la Palestine, et celle d'un couple, Younes et Nahila. Leur union, leurs désunions, leurs enfants, leurs petits-enfants vont former les balises d'une histoire intime et générale qui verra la fin de l'occupation anglaise en Palestine, les débuts du sionisme, l'occupation de la Galilée, la guerre du Liban... Le film (comme le roman d'Elias Khoury dont il est tiré) n'oubliant aucune étape historique importante jusqu'aux accords d'Oslo.

Rappelons cette évidence : le point de vue est palestinien, puisque les héros le sont. Mais précisons que le message n'est jamais antisioniste ou anti-israélien. Après une dure exposition des méfaits attestés chez les vainqueurs, Nasrallah insiste avec une fer