Ceux qui ont vu les quatre films précédents du Coréen Hong Sang-soo savent de quoi on parle. Rien de plus difficile que de se lancer dans la description de ce cinéma qui manque de s'évaporer à chaque seconde et dont la principale qualité tient à cette nature évanescente même. Intrigue fine comme une feuille de papier à cigarette, acteurs indistincts, discours- mirage, entre le je-ne-sais-quoi et le presque rien, on ne saurait dire par quel tour de passe-passe virtuose la mise en scène tient. Pour situer Hong, on pourrait parler d'un Rohmer encore plus dépiauté ou, en littérature, d'un Robert Walser transparent. Commentant le titre de son film, emprunté à Aragon, Hong dit : «Au bout du compte, le futur de l'homme n'est donc rien. La femme ne correspondrait donc à rien non plus. En fait, en trois mots, cette phrase ne dit rien. Elle est un vide mais ces trois mots contribuent à créer un état d'agréable confusion.»
«Underdog». A Séoul, retrouvailles entre deux amis de fac qui s'étaient perdus de vue : le premier, Munho, devenu prof d'arts plastiques et resté en Corée, l'autre, Hunjoon, a tenté de se reconvertir en cinéaste indépendant aux Etats-Unis. Ils ont aimé la même femme, Sunhwa, dont ils retrouvent la trace dans une ville de province, Punchon. De ce postulat banal, le cinéaste parvient une fois encore à varier sur la gamme volontairement limitée de ses obsessions : frustrations sentimentales, insatisfactions sexuelles, humiliations sociales, alcoolisme galopant. La vie co