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Libération
Critique

Michael Moore en embushcade

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Cannes 2004. Sélection officielle. Le trublion américain décortique quatre ans de présidence sous forme de catastrophe pour l'Amérique et le reste du monde.
publié le 18 mai 2004 à 0h40

Aucune réservation à son nom au Carlton, rien à l'Eden Roch. Abonné absent au Majestic et au Martinez. George W. Bush n'a manifestement pas l'intention de monter les marches cannoises pour défendre un film dont il est pourtant l'acteur principal. Il est très bien servi dans le dernier Michael Moore, Fahrenheit 9/11, quasiment à l'image tout le temps, maître au comique sinistre d'une réplique sur trois et, surtout, centre de ce qui pourrait bien être la grande scène de ce festival. Au matin du 11 septembre 2001, alors que deux 747 viennent de frapper les Twin Towers, le président des Etats-Unis d'Amérique est filmé dans l'exercice de ses fonctions : assis dans une salle de classe au milieu de tout-petits pour le lancement d'une campagne en faveur de la lecture. Un conseiller vient lui annoncer la nouvelle du premier crash, mais cela n'a absolument pas l'air de le perturber. Quand quelques minutes plus tard, le même conseiller conclut sa deuxième annonce (chuchotée) par un lapidaire «l'Amérique est attaquée», Bush Junior serre dans ses mains le livre de littérature enfantine qu'il est en train de lire. Il le feuillette ainsi pendant sept minutes. Sept minutes d'un long silence, à lire un livre pour enfant de 6 ans.

Quelque chose du monde tel qu'on le connaissait vient de s'effondrer, qui ne perturbe pas l'impassible illusion de lecture du dernier Oui-Oui qu'il continue de faire aux têtes blondes. Cette image, traversée tout à la fois par le ridicule (de la situation), par un se