Enfin, après deux heures de retard, Michael Moore parut. Habillé comme l'Américain moyen qu'il revendique être (short, sandales de pêche et casquette), mais entouré comme un chef d'Etat : trois gardes du corps, deux représentantes de son producteur Miramax, et même deux «conseillers en communication politique» chargés de «débriefer» ses rencontres avec les journalistes. L'interview se fait tout de même en tête à tête sur son nouveau documentaire en compétition, Fahrenheit 9/11 (Libération d'hier), qu'il présente comme «une chronique des quatre années de la présidence de George W. Bush» : de son élection «volée» à la guerre en Irak, en passant par les attentats du 11 septembre et les liens troubles avec la famille Ben Laden.
Pourquoi utilisez-vous des éléments comiques dans vos films, aux sujets plutôt graves ?
Parce que je veux atteindre le plus grand nombre de spectateurs possible. Une bonne partie de la gauche américaine a perdu le sens de l'humour et oublié combien c'était important pour convaincre les masses. A-t-elle donc renoncé à séduire ?
Fahrenheit 9/11 est-il destiné à empêcher la réélection de George W. Bush ?
Si ce film pouvait faire que notre pays soit de nouveau aux mains du peuple, je ne serais pas malheureux. Mais si je voulais juste délivrer un discours politique, je serais candidat aux élections. Je fais un film parce que j'aime le cinéma, pour divertir les spectateurs et, si possible, provoquer des débats. J'espère inciter les gens, et plus particulièrement le