1. Quel est le comble pour un cinéaste ?
Le comble, au sens positif du terme, c'est d'être sincère. Quand je faisais mes films burlesques dans les années 70, j'étais en pleine adéquation avec moi-même. Je ne me posais pas la question de savoir si ça plairait ou pas. Et c'est peut-être cette sincérité qui explique le succès de ces films. Quand il y a trucage de ses émotions, de son discours, le spectateur finit toujours par le sentir.
2. Le dernier film que vous ayez vu ?
Les Invasions barbares, de Denys Arcand, bien après sa sortie. J'ai énormément aimé pour les raisons dont je viens de vous parler. Il y a une extraordinaire vérité dans ce film.
3. Avez-vous un fétiche ?
Non. Je ne suis pas superstitieux.
4. Si vous étiez un personnage ?
J'ai joué dans vingt films qui sont des extensions de moi-même ! Avec évidemment quelques nuances, mais le Distrait, Alfred, c'était moi. Je jouais mon inadaptation, parce que, en fin de compte, je suis relativement inadapté partout où je suis. Je crois que ça ne changera pas. J'avais quitté ma famille pour entrer dans une autre famille, qui était celle des acteurs, et très vite je me suis retrouvé encore en marge. Je ne sais pas comment je fais mon compte.
5. Si vous étiez une réplique ?
«Soyons réalistes, exigeons l'impossible.»
6. Si vous étiez un film ?
Dersou Ouzala, d'Akira Kurosawa (1975), qui n'a aucun rapport avec moi. C'est un des films qui m'a le plus touché, pour des tas de raisons : la neige, la Sibérie, le grand froid, la solitude, le combat d'un homme avec cette solitude... Et la manière dont c'est filmé ne gâte rien.
7. La dernière fois que vous êtes venu à Cannes...
Je ne viens pas souvent. Et je me suis toujours dit que je n'irais plus. Dans les années 70, je venais même s