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Critique

Vecchiali tout à tract

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Cannes 2004. Quinzaine des réalisateurs. A 74 ans, il livre «A vot’ bon coeur», manifeste cinéphile à l’humour ravageur.
publié le 19 mai 2004 à 0h41

Cannes 2004 est donc politique puisque la lutte des intermittents a donné cette couleur au Festival «extérieur». Mais à l’«intérieur», c’est-à-dire dans les films, que devient la question éminemment politique de l’avenir du cinéma français ? Pas grand-chose, sauf pour Paul Vecchiali, sur lequel on peut toujours compter pour mettre les pieds dans le plat. Avec A vot’ bon coeur, le coup de gueule est radical : ce film est le tract le plus brûlant du Festival, son geste politique et filmé le plus courageux.

Tout brûler. L'histoire est une sorte de faux document vérité sur le cinéaste lui-même : un certain Paul Vecchiali, engagé dans un tournage sur lequel l'argent manque. Vingt fois de suite, on lui a refusé l'avance sur recettes. Une injustice qu'il va faire payer très cher, en assassinant un à un les membres de la commission hostile.

Ce fantasme, tous les cinéastes de la place de Paris l'ont eu un jour ou l'autre. Vecchiali, lui, l'exécute, avec un humour ravageur mais aussi un sang-froid qui, c'est tant mieux, fait peur : son film n'est pas seulement une folie douce, il frôle régulièrement une rage impavide et nécessaire. Il ne s'agit plus pour le vieux maître de secouer le cocotier. Il veut l'abattre, et tout brûler.

Malgré des faiblesses si évidentes que Vecchiali les surexpose lui-même, A vot' bon coeur est un incroyable concentré d'énergie et de bouleversement, pour lequel le cinéaste a convoqué toute une constellation d'amis indéfectibles, engagés avec lui dans cette urgen