«Tous mes films reposent sur l'idée qu'une grande partie de la vie est impénétrable, pleine de malentendus et livrée au hasard. Les personnages vivent en contradiction avec le fait d'être liés à leur destin et les tentatives plus ou moins fortes de lutter contre.» Angela Schanelec résume ainsi sa démarche. Elle est née en 1962 à Aalen, en Allemagne, a suivi une formation de comédienne à Francfort avant de rejoindre le Thalia Theater de Hambourg puis la prestigieuse Schaubühne de Berlin. Ses deux précédents films, Das Glück Meiner Schwester (1995) et Plätze in Städten (1998), montrés dans de nombreux festivals (Rotterdam, Berlin, Cannes...), n'ont jamais été distribués en France. Ce ne devrait pas être le cas de Marseille, coproduction franco-germanique.
Réplique féroce. Ce n'est pas facile de parler d'un tel film, aussi beau soit-il, qui conspire à rendre sensible précisément cet impénétrable qui empêche de connaître la nature exacte des causes et des effets guidant secrètement l'existence. Schanelec filme ses personnages en cherchant à restituer le transitoire, le fugitif et le contingent que le cinéma classique élude. Au début, le film avance masqué, travesti sous la platitude d'états d'âme vagues et le manque de solidité dans la mise en scène. Puis soudain, en une séquence très simple, une discussion dans un bistrot, le film qui allait être injustement nommé «inconsistant» se débaptise lui-même d'un coup d'oeil glacial, dans une réplique féroce dite d'une voix blanche, et