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Libération
Critique

Le jeune Che, trop léché

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publié le 20 mai 2004 à 0h41

Si les applaudissements qui ont accueilli le film du Brésilien Walter Salles Carnets de voyage (Diarios de Motocicleta en VO) valaient estimation du prix qu'il pourrait décrocher samedi, on ne doit pas être loin de la palme d'or, ou au moins du prix d'interprétation masculine pour le fringant Gael Garcia Bernal. Cette adaptation du récit par Ernersto Guevara de son périple à travers l'Amérique latine en 1952 avec son ami Alberto Granado sur une antique Norton 500 était, il est vrai, très attendue et offre à l'arrivée toutes les qualités requises pour à la fois récolter récompenses et plébiscite public. Si l'on se contente de regarder le film comme un divertissement dépaysant nous transportant de l'Argentine au Chili puis au Pérou et au coeur de l'Amazonie, c'est une indéniable réussite. Si on le prend un peu plus au sérieux étant donné la nature de son sujet ­ la jeunesse d'un futur révolutionnaire voué au destin d'icône contestataire, christ rouge floqué sur les T-shirts ­, le temps se gâte.

Mignon. Le dramaturge portoricain Jose Rivera a écrit le scénario en croisant le Journal de voyage de Guevara et le récit de Granado (Con el Che por Sudamerica). On ne doute pas que le film soit fidèle à la relation comparée que les deux hommes firent de leur équipée. Néanmoins, il ne travaille guère qu'à consolider l'angélisme poissant déjà la personnalité culte de Guevara. Gosse de riche, étudiant en médecine, on le voit quitter sa famille aisée pour aller à la découverte des pauvres e