Pendant quelques heures où la France entière (du moins, vue d'ici) semblait s'en tordre les mains d'angoisse, la rumeur a couru à perdre haleine dans sa robe de bal toute froissée : 2046 de Wong Kar-wai n'était pas prêt du tout, le cinéaste de Hong-kong encore perdu dans les affres de la création, des poches sous les yeux, voyait que le compte à rebours allait avoir raison de lui. Et puis finalement, si, 2046 serait bien montré ce soir comme prévu, mais la direction du festival annonçait par voie de communiqué que les deux projections de presse étaient annulées. Diantre. Et puis non, les voilà rétablies, mais à des horaires différents. Quelle histoire ! Les annales cannoises sont riches de ces films-événements qui semblent avoir été arrachés des mains du cinéaste devenu à moitié fou, comme le font les profs pour les interros écrites à l'heure du ramassage des copies : «Allez, encore une minute, on conclut s'il vous plaît !» WKW, avec In the Mood for Love, était déjà arrivé tout essoufflé sur la Croisette, juste avant fermeture. On se souvient de Coppola débarquant avec trois versions d'Apocalypse Now (et emportant la palme), Roland Joffé présentant Mission avec une bande-son non mixée (et emportant la palme) et Kiarostami faufilant à la dernière minute son Goût de la cerise non étalonné par valise diplomatique (et emportant la palme). Avec les nouvelles technologies digitales, il n'est pas exclu d'imaginer un cinéaste terminant son film pendant la projection elle-même et se
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