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Libération
Interview

« Un film se ressent avec le corps tout entier »

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Apichatpong Weerasethakul («Tropical Malady») défend la «simplicité» de son cinéma.
publié le 20 mai 2004 à 0h41

Son état civil indique 34 ans, mais on lui en donnerait à peine 20. Révélé il y a deux ans à Cannes avec Blissfully Yours (prix Un certain regard), le Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul revient sur la Croisette en compétition officielle avec le tout aussi splendide Tropical Malady (Libération d'hier). Une histoire d'amour entre un soldat et un campagnard qui, au milieu exact du film, se métamorphose en une chasse nocturne au tigre dans la jungle.

Vous avez le goût des titres énigmatiques...

Blissfully Yours parlait des liens indéfectibles de l'amour, s'interrogeait sur la définition du bonheur. Tropical Malady poursuit la même thématique, mais en insistant sur l'étouffement, la douleur que peut provoquer un excès de bonheur. Comme une maladie.

Pourquoi le film comporte-t-il deux parties aussi dissemblables ?

Il y a deux mondes, donc deux manières différentes de raconter, deux montages différents. Le film repose sur une philosophie de la coexistence : si vous prenez chaque partie indépendamment de l'autre, elles ne sont rien ; l'une existe par rapport à l'autre, elles se fécondent mutuellement.

Lors du générique, pourquoi l'acteur qui joue le soldat fixe-t-il la caméra d'un air goguenard ?

C'est la continuation de Blissfully Yours, où l'on voyait une fille regarder l'objectif et qui semblait ne pas réaliser ce que cela impliquait. L'attitude du soldat est différente : il semble dire : «C'est un film, regardez-moi comme un acteur.» Dans Tropical Malady, vous n'êtes jamais sûr si