Menu
Libération
Interview

«C'est l'ambiguïté qui m'intéresse»

Article réservé aux abonnés
Réalisatrice de «La Niña Santa», l'Argentine Lucrecia Martel décrypte ses intentions et sa méthode.
publié le 22 mai 2004 à 0h43

Sous des airs de khâgneuse un brin rigide, Lucrecia Martel peut se révéler dans ses interviews surprenante et extravagante. A 37 ans, la cinéaste argentine a présenté en compétition son deuxième long métrage, La Niña Santa : dans un hôtel thermal décati,l'éveil de deux adolescentes à la sensualité et leur apprentissage de la lâcheté des adultes. L'un des films marquants de cette édition cannoise.

La Niña Santa a été tourné dans la ville de votre enfance. Quelle est la dimension autobiographique du film?

Mes fictions sont tirées de mon vécu, tant d'un point de vue physique que moral. Mais ça ne signifie pas pour autant qu'elles sont autobiographiques.

La ligne narrative de La Niña Santa semble plus affirmée que dans votre premier film...

L'histoire de La Niña Santa est amorale tout en traitant de questions morales, et nécessitait par conséquent une structure narrative plus ferme. La Cienaga n'était pas centré sur une histoire morale, mais sur la seule existence des personnages.

En revanche, la dimension métaphorique sur la situation argentine semble moins évidente que dans La Cienaga.

A mon sens, c'est pourtant l'inverse! Mais il n'était pas dans mon intention première de réaliser des films métaphoriques. C'est l'ambiguïté qui m'intéresse comme thème, pas les choses catégoriques. Le malentendu provient du fait que La Cienaga est sorti à un moment de crise, où tout poussait à concevoir une interprétation métaphorique sur l'état du pays. Notamment parce que le film met en cause la bo