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Libération
Critique

«Mystification», jeu de pistes

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publié le 22 mai 2004 à 0h43

Avant de réaliser Mystification, adaptation très fantomatique d'un dialogue de Denis Diderot, Sandrine Rinaldi s'appelait, pour les lecteurs des Cahiers du cinéma et de la Lettre du cinéma, Camille Nevers. C'était il y a quelques années de cela, mais on y repense tout le temps. Une hypersensibilité aux films traversait ses articles sans qu'ils ne perdent rien de leur sel théorique et polémique. Sa vision du cinéma était ferme mais sensuelle : quelques serial-killers et on la voyait se lancer dans d'inoubliables joutes cinéphiles. On pouvait lire en filigrane, déjà, une envie de passer à la mise en scène. Elle ne pouvait le faire qu'à sa façon : malicieuse, multiple, acérée, en brouillant les pistes et dévisageant le cinéma.

Comique situationniste. Mystification ne déçoit pas. Qui commence comme un polar burlesque : un médecin fait appel à une sorte de voyou pour récupérer des documents ­ des photos, des lettres... ­ que détiendrait une femme qui l'aurait aimé. Cette femme souffre et la présence hantée de ces photos, comme un dernier souvenir, finit par la rendre malade, proche de mourir. Le voyou, ayant échoué dans sa première tentative, va lancer sur la piste des photos un élégant mystificateur qui devra séduire la femme mystère pour la convaincre de détruire ces pièces compromettantes.

Aucune des trois parties ne se ressemble, stylistiquement parlant. Le comique, presque situationniste, du début laisse la place à un univers forclos, bonbonnière de velours pourpre comme tombé