Depuis trente ans, il est la voix du Cinéma de minuit sur France 3. Tandis que le visage de Gary Cooper se fond dans celui d'Humphrey Bogart, qu'Ingrid Bergman succède à Ava Garner, sa voix présente le film. On la dirait éternelle : hachée, sortie d'on ne sait où, comme venue d'outre-tombe. On ne le voit pas, son nom n'apparaît nulle part, Patrick Brion ne s'expose pas. Plutôt qu'une photo de lui, il préférerait une image de Scaramouche ou des Ensorcelés, films qu'il a vus une douzaine de fois. Sa bio rappelle cependant qu'il est responsable de la programmation des films de France 3 depuis 1975 et qu'en vieil explorateur de l'histoire du cinéma, il est l'auteur d'une quinzaine de livres à La Martinière.
«Un mordu». Né en en 1941 à Aix-en-Provence, de parents historiens d'art, Patrick Brion passe son enfance à Paris dans le quartier Latin. Adolescent, c'est un «mordu» : «Quand on a 12 ans, qu'on découvre chaque semaine un chef-d'oeuvre, on ne peut qu'être fasciné par le cinéma. Une semaine c'était Ivanhoé, la semaine d'après le Train sifflera trois fois.» Pendant ses études à Louis-le-Grand, il court voir les nouveaux films. En 1957, c'est la Cinémathèque où il rencontre Tavernier, Boisset, Eisenschitz, toujours ses amis. «On faisait nos classes à la Cinémathèque, puis l'école buissonnière dans les salles de quartier.»
Malgré les études de droit qu'il «doit faire», les films restent au centre de sa vie : il travaille ses filmographies à l'Institut américain et publie ses premie