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Libération

Brion, la voix sans visage

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Depuis 1971, il présente, sans se montrer, le Ciné-club de France 3.
publié le 26 mai 2004 à 0h47

Depuis trente ans, il est la voix du Cinéma de minuit sur France 3. Tandis que le visage de Gary Cooper se fond dans celui d'Humphrey Bogart, qu'Ingrid Bergman succède à Ava Garner, sa voix présente le film. On la dirait éternelle : hachée, sortie d'on ne sait où, comme venue d'outre-tombe. On ne le voit pas, son nom n'apparaît nulle part, Patrick Brion ne s'expose pas. Plutôt qu'une photo de lui, il préférerait une image de Scaramouche ou des Ensorcelés, films qu'il a vus une douzaine de fois. Sa bio rappelle cependant qu'il est responsable de la programmation des films de France 3 depuis 1975 et qu'en vieil explorateur de l'histoire du cinéma, il est l'auteur d'une quinzaine de livres à La Martinière.

«Un mordu». Né en en 1941 à Aix-en-Provence, de parents historiens d'art, Patrick Brion passe son enfance à Paris dans le quartier Latin. Adolescent, c'est un «mordu» : «Quand on a 12 ans, qu'on découvre chaque semaine un chef-d'oeuvre, on ne peut qu'être fasciné par le cinéma. Une semaine c'était Ivanhoé, la semaine d'après le Train sifflera trois fois.» Pendant ses études à Louis-le-Grand, il court voir les nouveaux films. En 1957, c'est la Cinémathèque où il rencontre Tavernier, Boisset, Eisenschitz, toujours ses amis. «On faisait nos classes à la Cinémathèque, puis l'école buissonnière dans les salles de quartier.»

Malgré les études de droit qu'il «doit faire», les films restent au centre de sa vie : il travaille ses filmographies à l'Institut américain et publie ses premie