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Libération
Critique

«Process» enfile les perles

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publié le 26 mai 2004 à 0h47

Annoncé l'an passé à Cannes sur une pleine page du Film français, Process avait largement de quoi faire envie, pour peu que le glamour ne vous repousse pas. Sa distribution ressemblait de façon presque too much au sommaire d'un mensuel classieux de la fin des années 80 (suivez notre regard) : Béatrice Dalle, Guillaume Depardieu, Leos Carax, John Cale, Dinosaur Jr., Guillaume Dustan, Julia Faure, Paul Weller, Smog. La photo était signée Yorgos Arvanitis (chef op star de Breillat). Et l'ensemble porté par un cinéaste mystérieux jusque dans ses initiales (on dit depuis que C. S. Leigh serait né à Madagascar, aurait travaillé dans le commerce du poisson avant de se lancer dans l'art tous azimuts, passant ses jours à enregistrer le son des objets inanimés tout en travaillant à une biographie de Charlie Kinbote ­ qui ça ?).

Après ça, qui au final pourrait se suffire, comme affiche ou comme sommaire, le problème c'est qu'il faut un film, de la pellicule, un scénario, une attachée de presse, des journalistes, et même, en dernière éventualité, quelques spectateurs (égarés) : et Process, gros hic, est très très chiant. Il enfile les perles postmodernes avec une virtuosité de faiseur (peu ou pas de dialogue, image ultrachiadée, séquences s'enchaînant sans incidences aucunes), aligne les citations (Joseph Beuys chef déco, Don De Lillo en intervention lettriste plaquée) sans jamais arriver à trouver la moindre incarnation. Avoir Dalle et Depardieu et ne sortir de ces deux tempéraments d'e