Yogjakarta envoyé spécial
La scène se passe au sommet d'une dune de sable noir sur le flanc du Merapi, volcan vénéré de Java central, l'un des plus actifs de la planète. Le cinéaste franco-vietnamien Lam Lê enfile une combinaison rouge, rabat le capuchon, et se jette. Il dévale en roulé-boulé les cinquante mètres de la pente. Autour de lui, des fumigènes fusent, au-dessus, des arcs à souder entrent en action, illuminant le chaos de violents éclairs électriques. Lam Lê se relève à moitié groggy, le visage noir de souillures. Il cherche à tâtons le rocher derrière lequel s'abrite l'actrice allemande Natalia Wörner, l'héroïne, qui doit prendre le relais dans cette séquence d'éruption.
D'amour. «Cut», crie la chef op' Diane Barratier. «On la refait», lance le cinéaste, portant un rocher en plastique pour le placer à une position qu'il juge adéquate. Lam Lê est de retour, en force, avec une énergie et une conviction qui ne peuvent qu'impressionner. Vingt et un ans après le tournage du superbe Poussière d'empire au Vietnam, le cinéaste tourne son deuxième long métrage, Vingt nuits et un jour de pluie, à Java central, dans la ville de Yogjakarta et sur les flancs du volcan situé à treize kilomètres de la capitale culturelle javanaise. «Pour moi, Java est une sorte de Vietnam par procuration. Quand on me demande quand je retournerai filmer au Vietnam, je réponds : quand ils cesseront de n'y faire que du cinéma de propagande», explique le cinéaste, en sirotant un whisky à la terrasse d