Tantôt prostré dans son trou, tantôt baguenaudant dans les limbes, avorton adamique à la moue poupine, il est touchant ce maillon mollasson et ingénu de l'aventure humaine à la démarche maladroite. Un homoncule cavernicole se hasardant tout nu tant dans l'azur ensoleillé que dans la froidure hivernale. Non content de se tailler quelques hardes à coups de hache (aux dépens d'un féroce félin), notre bipède progresse à vue d'oeil : en toge, en armure, portant hallebarde puis haut-de-chausses, et même arborant un chapeau haut-de-forme, avant d'enfiler une combinaison spatiale sur le grand escalier de l'évolution.
Ce premier venu (de l'animation roumaine), surgissant parmi les stars sur les écrans de la Croisette, décrocha d'emblée la palme d'or du court métrage pour une Courte histoire à Cannes en 1957. Parvenant parallèlement à l'échelon suprême dans son pays, Ceaucescu créa dans la foulée le studio Anima Film à Bucarest. Selon les plans, la production annuelle quadrupla en vingt ans. Actuellement, elle plafonne dans la sous-traitance à outrance, à l'instar des pays frères ex-soviétisés, malgré l'émergence de nouveaux talents.
Le Petit Bonhomme est une bonne occasion de redécouvrir quelques oeuvres du pionnier Ion Popesco-Gopo, ancien élève des Beaux-Arts de Bucarest, qui rayonna longtemps dans son propre studio. Allô Allô (la préhistoire des communications), Trois pommes (de l'exploitation de l'homme par l'homme au robot prédateur), Sept arts, Homo sapiens, Intermezzo... diverse