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Libération

Avant-garde en vue

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Cet été à Paris, pas moins de trois événements sont consacrés au cinéma expérimental et à son renouveau. Présentation et analyse de ce genre pluriel et hybride dont la vivacité n'a jamais été aussi manifeste.
publié le 9 juin 2004 à 0h58

On est désolé pour Claude Berri, mais en 2004 un jeune homme de 25 ans qui rêve de faire des films ne se voit pas dans la peau du réalisateur du Cinéma de papa. Plus sûrement dans celle de Peter Tscherkassky ou de Chantal Akerman si c'est une fille. Tscherkassky est un cinéaste autrichien expérimental dont les films ne sortent pas en salles parce que leur durée (entre deux et dix minutes) le leur interdit, et que l'idée n'effleure pas l'esprit de cet artiste qui les fait en artisan. Mais c'est tout de même au Cinéma des cinéastes, à Paris, que certaines de ses bandes vandales seront projetées, samedi, lundi et mardi (1). L'expérience est sans égale en terme de sensation : Tscherkassky a fait du cinéma un laboratoire. Dans sa ferme de la banlieue de Vienne, il passe des plans hollywoodiens à la brûlure d'un rayon laser, imprime des cicatrices, des déchirures, fait sauter les collures, arrache, arrache. Cinéma élimé, mouliné, afin qu'il ne reste plus qu'une sensation de tremblement et de terreur.

Dans un cinéma scindé entre l'andouillerie commerciale et l'art et essai minoritaire, la posture expérimentale ­ il y a peu guère prise au sérieux ­ est redevenue pour la génération qui vient l'un des horizons possibles du cinéma, tout à la fois sa poésie et son art. Les dernières années n'ont travaillé qu'à ça : intégrer un David Lynch dans le cinéma mainstream jusqu'à ce qu'il symbolise tout le cinéma. Comme avant lui Godard. Comme désormais Gus Van Sant.

Arsenic. Pour qui en douterai