Considéré comme «le» sommet du cinéma de Bollywood, Mother India est au cinéma indien ce qu'Autant en emporte le vent fut à Hollywood. La comparaison, formulée dès sa sortie, garde sa valeur un demi-siècle plus tard. Avantage, dans nos contrées : la fresque somptueuse de Mehboob Khan, moins usée que son homologue américaine par les reprises sur grands et petits écrans, s'offre aujourd'hui à la plupart des spectateurs comme une découverte. Et cette superproduction mythique se révèle riche de surprises, non seulement pour ceux que le récent succès de Devdas a sensibilisé aux charmes des artefacts de l'usine à rêves de Bombay, mais pour les amateurs de cinéma «tout court».
Nominé à l'oscar. Sorti en 1957, le film a le même âge que Pather Panchali, présenté à Cannes en 1956. L'oeuvre de Satyajit Ray aura cependant beaucoup moins marqué les foules indiennes que le colossal succès de Mother India, archétype d'un grand cinéma populaire qui fait encore florès. En Occident, la réputation de Ray a, en revanche, éclipsé l'éphémère retentissement accordé, cette année-là, à Mehboob Khan, dont l'oeuvre fut la première production indienne à être nominée pour l'oscar étranger.
Né en 1907 dans un village du Gujarat, Mehboob, surnommé le «Cecil B. De Mille indien», fut jusqu'à sa mort, en 1964, une personnalité phare de Bollywood. Arrivé jeune à Bombay pour s'embaucher dans les studios, il y passa du rang d'homme à tout faire à celui d'acteur, apprenant son métier sur le tas. Première réalisati