Annecy, envoyée spéciale.
Sur les bords du lac d'Annecy, la météo estivale n'a pas réussi à débaucher un public chahuteur, qui cette année encore, s'est engouffré en masse dans les salles obscures pour suivre le 28e Festival international du film d'animation, du 7 au 12 juin (1). Une affluence record (plus de 100 000 entrées) malgré une compétition pâlotte.
Voire calamiteuse pour ce qui concerne les longs métrages. Le jury a eu la rude tâche de départager une comédie italienne hystérique sur l'histoire de la pizza, un film espagnol sur la légende du Cid dont la finesse des dessins (tendance Pocahontas dopée aux hormones) rivalise avec celle de l'intrigue (les valeureux Castillans l'emportent sur les sournois Arabes). Même le dernier Plymton, Hair High, comédie romantico-baroque échevelée narrant les amours de Spun et Cherri dans l'Amérique chromée des années 50, manque de pêche malgré les bananes XXL de ses héros. Quant au gentil film coréen Oseam (vainqueur par défaut ?) inspiré d'un conte bouddhiste, qui suit deux orphelins (un frère et une soeur aveugle) livrés à eux-mêmes, on le réserve aux amateurs de Disney et aux âmes sensibles. «Mon film n'est pas d'une grande envergure, avait prévenu son réalisateur, Baek-Yeop Sung, il faut le voir avec le coeur plutôt qu'avec les yeux.»
Sentimentalisme. La Corée du Sud, qui focalisait l'attention du festival avec sept programmes spéciaux, tente péniblement de s'affranchir de son statut de sous-traitant de l'animation mondiale en dével