Menu
Libération
Critique

L'envers de Téhéran juste aperçu

Article réservé aux abonnés
publié le 16 juin 2004 à 1h05

Sur un chantier de construction de Téhéran, ce sont les réfugiés afghans qui triment le plus dur, et seulement pour quelques rials. Entre les contrôles des policiers iraniens et les brimades de leur contremaître, Memar, prudent mais âpre au gain, ces moins-que-rien sont exploités et terrorisés. Plus encore, exploités dans la terreur. Ce sont des fantômes sans voix ni regard qui construisent les murs de béton du nouveau Téhéran et s'évanouissent dans la nature à la moindre alerte. Ils fournissent les bataillons de ce peuple clandestin dont a besoin l'Iran pour bâtir sa tranquillité économique.

Lateef, un jeune Iranien insolent et curieux, si typique des héros du cinéma persan depuis une vingtaine d'années, y est une sorte d'intermédiaire. Iranien, donc protégé des contrôles, mais trop frêle pour être ouvrier : il passe le plus clair de son temps à visiter les chantiers à la recherche des bons coups, des combines, ou sinon sert le thé aux hommes qui travaillent quasi sans discontinuer, buvant sur les échafaudages ou en mélangeant le ciment. Quand un jeune Afghan lui pique sa place et qu'il doit se mettre aux tâches plus pénibles, il est furieux, décidé à se venger.

Mais ce travailleur se révèle être une femme (c'est son «secret») et, après quelques atermoiements et hésitations, Lateef tombe amoureux. Le film prend, dès lors, l'allure d'une allégorie sur le rôle et la place de la femme dans la société iranienne, son émancipation possible, mais peine à s'incarner en dehors du chan