1950."J'ai 23 ans, j'organise des réunions de poésie au Tabou, à Saint-Germain-des-prés. J'y fais la connaissance de François Dufreisne, poète lettriste qui me présente Isidore Isou, le plus grand poète et cinéaste lettriste. Je deviens producteur de cinéma afin qu'il puisse tourner son film, Traité de bave et d'éternité.
1951. Cocteau, qui préside le jury du festival de Cannes, organise une projection du Traité d'Isou sur la Croisette. C'est là que je rencontre, parmi un groupe de jeunes cannois, Guy Debord, en pleine préparation du bac, très excité par le film. Après le bac, Debord m'invite chez lui, à Cannes : trois mois ensemble cet été-là. Le plus fort souvenir de ma vie : discussions et déambulations permanentes.
1952. Je publie la revue Ion, sur la poésie et le cinéma. Premier texte de Guy Debord, sur Traité de bave et d'éternité. Je suis pour lui un grand frère protecteur et initiateur.
1953. Fondation d'un journal, Soulèvement de la jeunesse, où se mêlent politique et poétique : «la révolution au service de la poésie». Debord, Dufreisne, Wolman sont là. Bientôt, tout va voler en éclats, chacun partira de son côté.
1961. Haine de l'Amérique, mais fascination pour le cinéma américain. Je fréquente l'American Center du boulevard Raspail, à Paris. Je m'y installe même : j'y fonde le Centre de Théâtre. Ce lieu devient un laboratoire de la théâtralité : on y travaille le texte, le corps, les